mardi 5 novembre 2013

Adolescentes

Lors d'une réunion de famille récente, nous parlions des difficultés péniennes que peuvent parfois vivre les jeunes garçons non circoncis. Il faut tirer le prépuce, mais pas trop, il faut laisser la nature faire les choses, mais pas au point de laisser créer de l'infection. Ce peut être assez délicat.

Devant cette réalité, mon frère a exprimé être heureux d'avoir une fille.  Puis il s'est rapidement repris en disant qu'il changerait peut-être d'idée lorsqu'elle aurait quatorze ans.

Il faisait référence à l'idée très répandue qu'il est bien plus compliqué d'élever une fille qu'un garçon. D'une part parce qu'elles sont intrinsèquement compliquées, d'autre part parce que cela implique plus de préoccuations pour leur sécurité. 

Même s'il est vrai que les filles sont plus à risque de subir des agressions sexuelles, les garçons le sont aussi, en assez haute proportion d'ailleurs. Les statistiques rapportent qu'un garçon sur six serait victime d'agression sexuelle dans sa vie.  Je ne vois pourtant pas beaucoup d'images de parents surprotecteurs envers la vertue sexuelle de leur garçon. 

Puis, l'idée que les filles (et les femmes) sont intrinsèquement compliquées est principalement un outil de dénigrement des enjeux féminins et non pas le reflet d'une réalité.

Hello Kitty

Lors de leur retour de vacances, mes parents ont rapporté des cadeaux à ma nièce, dont certains offerts par ses cousins. Parmis ces cadeaux, une montre de marque Hello Kitty qui appartenait à un de mes neveux.

Un membre de ma famille a questionné avec jugement qui donnerait une montre Hello Kitty à un garçon.

Les filles peuvent posséder et jouer avec des choses typiquement associées aux garçons mais l'inverse n'est toujours pas acceptable.

Le féminin chez les garçons et les hommes dérange énormément. On y voit quelque chose d'indigne, d'humiliant, de dégradant. C'est dire comment on juge le féminin.


lundi 4 novembre 2013

L'ex

Mon jeune frère est père d'une fillette. Jusqu'à récemment, il était en couple, et ce depuis quelques années, avec une femme qui n'appréciait pas sa fille. Comme elle n'aimait pas le contact avec ma nièce et qu'elle ne voulait pas que sa propre fille soit en contact avec elle non plus, mon frère a prit certaines dispositions. 

D'abord, il a laissé la garde à temps plein de la petite à sa mère, pour ne l'avoir qu'une fin de semaine sur deux. Puis, il a loué un deuxième appartement où il recevait sa fille.

Je parlais récemment avec quelqu'un qui a mentionné à quel point il était horrible de la part de cette femme de rejeter ainsi ma nièce. Je ne suis pas en désaccord avec ce point. Par contre ce qui me dérange, c'est que tout le monde ne fait que pointer du doigt la méchante belle-mère. Je ne veux pas ici juger les choix que mon frère a faits. Je veux souligner le pointage de doigt sexiste.

Mon frère est au moins à moitié (même plus, selon moi, puisqu'il est le père) responsable des choix faits autour de la situation délicate entre son ex et sa fille. Pourtant, c'est uniquement elle qui est jugée. Idéalement, j'aimerais qu'on ne juge pas du tout. Mais si on le fait, au moins qu'on soit équitable.

Cette attitude généralisée envers l'ex de mon frère représente bien comment on démonise encore les femmes dans les relations amoureuses et parentales, de comment on  les sur-responsabilise encore des décisions relationnelles et de leurs impacts.

Boy's Club

Toujours lors de ma visite chez ma soeur, je regardais avec mon plus jeune neveu un catalogue de maquillages d'halloween. Il y avait 4 pages de modèles garçons, deux pages de modèles filles. Nous regardions ce que nous allions choisir pour nous mêmes. Après que j'aie tourné une page, mon neveu m'a dit:

- Non, ça tu peux pas.

Je venais de tomber sur les pages montrant des modèles garçons. 

- C'est juste pour les gars.

 Premiers bourgeons de l'attitude boy's club? Je crois malheureusement que oui.

Je vous invite à lire mon entrée précédente pour un argumentaire plus complet.

http://feminismesquotidiens.blogspot.ca/2013/11/sexisme-enfantin.html

dimanche 3 novembre 2013

Sexisme enfantin

J'étais récemment en visite chez ma sœur, qui est mère de deux enfants. 

Je jouais avec le plus jeune des deux avec des images lorsqu'il a pointé une image en disant: ''dégeu''. Je lui  ai demandé: ''Quoi, dégeu''? Et lui de me répondre: ''Les filles c'est dégeu, les gars c'est cool.''

Il n'a pas 4 ans.

D'aucuns me diront que l'on peut retrouver le même discours dénigrant envers l'autre sexe chez les filles, que la différenciation sexuelle est une étape normale du cheminement de l'enfant. Ces deux arguments sont relativement vrais, mais il faut y apporter des bémols. 

D'abord, même s'il est vrai que les fillettes peuvent agir de façon dénigrante et rejetante envers les garçons, ces attitudes ne sont pas généralisées ni aussi systématiques que l'inverse. Je me souviens encore avec un pincement au cœur de la comptine ''Les gars, les soldats, les filles, les guenilles'', dont il n'existe pas de contrepartie. Le dénigrement du féminin est systémique et systématique. Prenez seulement pour exemple l'habillement. De plus, les clubs exclusifs de garçons et leur attitude aliénante envers les fillettes tentant de joindre leurs rangs sont bien plus communs que l'inverse. Il n'y a pas symétrie dans l'attitude. 

Puis, même si l'on accepte l'idée que la différenciation de genre est un processus essentiel au développement des enfants, ce qui est un tout autre débat car je ne suis pas certaine que ce soit le cas, doit-il automatiquement se faire de façon hiérarchique? La prise de conscience de soi et des autres doit-elle automatiquement exister dans le conflit? Je n'en suis pas certaine non plus.

Je vois plutôt dans le commentaire de mon neveu les premiers bourgeons d'une pensée patriarcale sexiste et hétéronormative. Ce sont de gros à mettre dans la bouche d'un petit enfant, j'en conviens, mais le sexisme ne nous tombe pas du ciel pendant une nuit d'hiver, il se construit dans le temps et dans le contact avec la société, graduellement, insidieusement. J'espère sincèrement que sa pensée va se nuancer avec le temps et le contact d'une pensée critique.  

Mon patron (partie 5)

L'épopée continue. Je vous invite à lire les entrées précédentes afin de suivre le fil de cette entrée.

Le lendemain de la réunion d'équipe, mon patron a demandé à me parler. J'ai exigé d'avoir la présence d'une de mes cheffes d'équipe. Il a accepté, non sans souligner avec jugement que je semblais méfiante.

Je ne vais pas entrer dans le détail de notre discussion, je vais plutôt résumer ce qui en est ressorti. D'abord, il considère mon interprétation de sa blague de la veille comme relevant de la méfiance, à a limite de la paranoïa. Ensuite, il considère que cette même interprétation le met dans une situation délicate où il doit constamment faire attention à ses propos et avoir peur de mon interprétation. Il a rejeté en bloc ma vision des choses et a mentionné qu'à l'avenir il mettrait ses distances avec moi (sans spécifier ce que cela signifiait) et que si je continuais à avoir ces mêmes interprétations on ''aurait un problème'', toujours sans spécifier ce que cela signifiait. Il a mit fin à la rencontre sur cette note.

Il a donc continué la grande tradition de blâmer la victime, la responsabiliser de ce qu'elle subit, tout en faisant planer une menace vague qui laissait place à l'interprétation (qu'il redoute...) et donc à l'anxiété. Il s'agit là de moyens de contrôle par la peur. Et ça fonctionne, en partie. J'ai effectivement peur des représailles possibles si je continue mes démarches de dénonciation de ses comportements inadéquats. Ce qui ne va pas m'empêcher de continuer mon cheminement. 

Cette persévérance dans ce dossier m'a pris des années à construire. Je n'ose pas imaginer la réalité de femmes ayant moins de soutien, moins de connaissance dans le domaine, plus de vulnérabilités.

samedi 2 novembre 2013

Homme fort demandé - 2

Mon conjoint étant blessé aux abdominaux, il a du refuser d'aider le conjoint de mon amie à déplacer son meuble. Il a par contre souligné ma présence et ma capacité à accomplir la même tâche. Devant cette offre, le conjoint de mon amie a refusé l'aide.

Il préférait donc ne pas recevoir d'aide que d'être aidé par moi. Qu'est-ce qu'il craignait comme message le concernant s'il recevait l'aide d'une femme? C'était si dégradant qu'il préférait s'arranger autrement? Cette réaction soulève plusieurs questions et souligne l'énorme travail qu'il reste à faire, tant sur nos perceptions sur les capacités physiques selon le genre que sur la capacité de résolution de problème et ce qu'elle signifie selon le genre.




Homme fort demandé - 1

L'autre jour mon conjoint et moi rejoignions une amie non loi de chez elle. Lors de notre arrivée, elle a dit à mon conjoint que son conjoint à elle se demandait s'il pourrait aller l'aider à déplacer un meuble.

Même si je suis le contact principal dans la relation amicale et que le conjoint de mon amie me connaît beaucoup plus qu'il ne connaît mon conjoint, c'est tout de même vers ce dernier qu'il s'est tourné pour demander de l'aide pour un tâche exigeant de la force physique.

Pour celles et ceux qui pourraient douter que cela était du au fait qu'il est un homme et qu'on présume donc qu'il est plus en mesure d'aider pour des tâches physiques, je vous invite à lire la prochaine entrée. 

Je vous invite aussi à lire toutes mes autres entrées concernant nos perceptions des capacités physiques en fonction du genre pour de plus amples informations sur l'aspect problématique de ces perceptions. 

lundi 14 octobre 2013

Mon patron (partie 4)

Suite aux derniers événements reliés à la dynamique de harcèlement que je subis de la part de mon patron, 


j'ai demandé à ma cheffe d'équipe de lui parler de ma part, puisque j'avais avisé que c'était la prochaine étape de mes démarches par rapport au harcèlement. 

Environ une semaine après qu'elle lui ait parlé, nous avons eu une réunion d'équipe au travail. À un point de la réunion j'ai fais une blague à un de mes collègues. Suite à cela, mon patron m'a regardée et m'a dit sur un ton sarcastique:

- Ah, on a le droit de faire des blagues?

Cela était en lien direct avec le fait que je dénonce son attitude inadéquate envers moi. Le harcèlement et la pression psychologiques continuent. À suivre.


Je, Me et Moi

L'autre jour mon partenaire de vie et moi nous étions donné rendez-vous pour passer la soirée ensemble. Au bout d'environ une heure et demie de temps, j'ai dû demander du temps et de l'espace de parole.

Malgré qu'il soit un homme sensibilisé aux enjeux de communication femme-homme, il continue souvent de s'approprier l'espace et le temps lors de nos moments ensemble. C'est dire à quel point cette attitude est ancrée. Et pas que chez lui. 

Il n'est qu'un représentant des dynamiques sociales bien apprises par tous et toutes.

jeudi 10 octobre 2013

Le poil

L'autre jour j'ai complimenté un collègue sur son habillement. J'ai ajouté que son look, combiné à ma connaissance du fait qu'il se rase les jambes le rendaient attirant à mes yeux. 

Un autre collègue qui était avec nous a bien ri quand j'ai mentionné les jambes rasées. Il riait à l'idée qu'un  homme se rase les jambes ou à l'idée que l'on puisse trouver cela attirant, je ne le sais pas.

Puis, quand il a vu que nous étions sérieuxSE, il était incrédule. Il a fallu le convaincre. Mon collègue a pratiquement du lui montrer ses jambes pour lui prouver qu'il se rasait bel et bien les jambes. Finalement, il était bien troublé de cette réalité.

Un élément féminin sur un homme dérange beaucoup. C'est vu comme indigne, comme teintant la masculinité. Dans l'inconscient (et le conscient) collectif, le féminin n'est toujours pas à la hauteur des hommes.



mercredi 9 octobre 2013

Je te déranges? Pas grave.

Je suis allée à la soirée de clôture d'un festival d'art de performances. Entre deux performances, nous étions un petit groupes de gens qui discutaient en sous-groupes. À un certain moment, un homme est venu se planter entre les 2-3 sous-groupes et s'est adressé à l'une d'entre nous qui était en pleine conversation. Il parlait si fort que tout le monde a cessé de parler.

Mais, il devait y avoir urgence pour qu'il agisse de façon si cavalière! penserez-vous. Hé non, bonnes gens, il ne s'agissait qu'un d'un homme normal qui voulait s'informer de la qualité du spectacle. 

Le gars s'est éperdument foutu du fait qu'il dérangeait plusieurs conversations, l'information qu'il voulait était plus importante.

Je me sens comme un disque brisé...

mardi 8 octobre 2013

T'aimes le sushi?

Voir l'entrée précédente pour un mise en contexte.

Le lendemain de mon souper au restaurant, je racontais à une amie l'épisode du mainsplaining sur le sushi lorsqu'un homme debout près de nous s'est approché de moi, son visage à littéralement 3 pouces du mien, a interrompu notre conversation pour me demander:

- T'aimes le sushi?

J'ai appris qu'il cuisinait le sushi dans un restaurant, qu'il aimait bien le sushi mais qu'à force d'en manger il se tannait. Il a finalement demandé pourquoi on parlait de sushi. Je me suis retournée vers mon amie et j'ai continué ma conversation. 

C'est le thème récurent de la semaine on dirait, l'espace-temps que prennent les hommes pour acquis et leur irrespect pour ceux des femmes. À chaque fois on voit bien le peu de valeur qui nous est accordée.


Tu connais le sushi?

J'étais récemment au restaurant avec mon partenaire. Assis à côté de nous, il y avait deux personnes visiblement sur un premier rendez-vous. Un homme et une femme. L'homme parlait fort et avec assurance. Mon partenaire s'est penché vers moi et m'a dit:

- On regarde si elle va parler pendant la soirée, ok?

Regards complices. On sait très bien qu'elle va peiner à sortir deux mots et qu'il va en profiter pour reprendre son souffle et penser à sa prochaine réplique. 

Ce qui devait arriver arriva. La pauvre fille a à peine parlé et a du se taper deux heures de mainsplaining sur divers sujets. Dont celui du sushi. À un moment, l'homme a admis n'avoir mangé du sushi que deux fois dans sa vie. Il a suivi ce dévoilement par une demie heure d'explications sur les divers termes entourant le sushi. Il était un expert.

C'était un deux pour un sur l'espace et la connaissance.

dimanche 6 octobre 2013

Faites Place

À l'extérieur d'une salle de spectacle, la foule se pressait sur le trottoir afin de discuter des dernières performances présentées. Je parlais avec une amie lorsque trois hommes sont passés près de nous. Non, à travers nous, devrais-je dire. 

Ils ne nous ont pas demandé de les laisser passer, ne se sont pas excusés, n'ont pas fait signe qu'ils souhaitaient passer, ne nous ont même pas regardées. Ils sont passés en nous poussant, point barre. 

Je réitère que nous vivons dans un sytème où les hommes apprennent qu'ils ont droit à l'espace. Ainsi, ils ne ressentent pas le besoin de considérer les gens dans leur chemin puisqu'ils-elles occupent ce qu'ils considèrent comme leur espace. C'est l'autre qui est en faute. 

Cette socialisation laisse place à des expériences comme celle que j'ai vécu hier, de se faire bousculer sans considération. De plus, elle alimente une vision tordue de la réalité où l'on considère qu'une femme qui prend un peu de place prend trop de place. Résultat: une sous représentation sociale des femmes, de la violence envers les femmes présentes dans la sphère publique et un sentiment d'inadéquation chez les femmes qui tentent de prendre la place qui leur revient

samedi 5 octobre 2013

Fashionista

Avec deux de mes collègues femmes, nous parlions d'un autre collègue. En fait, nous parlions de son superbe sens du style et de sa garde-robe à faire rougir Carrie Bradshaw. Une de mes collègue de dire:

- Il est pire que nous autres.

Nous autres étant les femmes en général.

D'abord, il est faux d'affirmer que toutes les femmes ont une passion vestimentaire qui les fait surconsommer la guenille. 

Puis, pourquoi sa tendance est-elle PIRE? Comme si à la base l'intérêt pour la mode et l'achat en masse de vêtements et d'accessoires était une mauvais chose. Les intérêts typiquement féminins sont constamment vus comme négatifs ou discrédités en comparaison avec ceux des hommes: films d'amour, commérage, la couleur rose, les cupcakes, les régimes, la mode. 

J'ai déjà entendu des commentaires en lien avec des intérêts masculins qu'avaient des femmes:

- Elle est AUSSI bonne que moi.
- Elle a AUTANT d'outils que moi.
- Elle s'y connaît PLUS que ben des gars. 

Notez l'absence de vocabulaire négatif. 

Bip Bip

Hier soir j'attendais l'autobus sur une rue commerciale passante. L'autobus arrivait alors qu'un homme traversait la rue en diagonale au milieu du trottoir. La chauffeure a klaxonné l'homme: bip bip. Je suis rentrée dans l'autobus, ai payé mon passage. Je me dirigeais vers l'arrière lorsque j'ai entendu une voix dire:

Pressée la Mme?!

Je me suis retournée. C'était l'homme qui s'était fait klaxonner qui critiquait la chauffeure. Elle lui a répondu.

- Écoutez M. vous étiez en pleine rue devant l'autobus.
- Non, mais c'est pas une raison. Elle est pressée la Mme, là!

S'en est suivi un court dialogue non pertinent ici. 

Je pose la question. Si la chauffeure avait été un chauffeur, comment le passant aurait-il réagit? Une chose est certaine, il n'aurait jamais dit: Pressé le M?! Cette formulation est méprisante et infantilisante. Il aurait possiblement essayé d'entrer dans un jeu de pouvoir avec un chauffeur, mais pas automatiquement et pas de la même manière.

1 cuisine 2 femmes

La cuisine à mon travail est mal aménagée. Malgré une grande superficie, tout le nécessaire pour cuisiner se trouve coincé au même endroit: four, lavabo, poubelle, tiroirs, espace comptoir. Nous devons constamment passer les unEs devant les autres, s'excuser, se tasser et les accidents sont donc fréquents. Ainsi, lorsque j'ai fais tomber la poubelle alors que ma collègue et moi cuisinions ensemble, je n'étais pas choquée ou surprise le moins du monde. Malgré tout, elle a passé le commentaire suivant:

- Ah deux femmes dans une cuisine hein?! Ça marche jamais.

Je lui ai répondu que mes chromosomes n'avaient pas fait tomber la poubelle, mais bien mes mains. 

Historiquement, et encore beaucoup aujourd'hui, les cuisines des maisons ont été l'espace des femmes. Elles étaient souvent le seul endroit où les femmes avaient un peu de contrôle et de pouvoir. Ainsi, elles y investissaient beaucoup de leur être et protégeaient farouchement cet espace. C'est de cette réalité historique et encore relativement contemporaine que découle le commentaire de ma collègue. Il entre aussi dans la tendance sociale à positionner les femmes en ennemies et non en collaboratrices. 

La représentation sociale, si juste peut elle être, influence les actions et les pensées sociales. Tant que nous allons continuer à représenter la cuisine comme étant l'espace de prédilection des femmes, nous allons contribuer au maintient de cette réalité. 

Note aux détracteurs historique: il est possible de donner un portrait juste de l'histoire et de la réalité actuelle tout en la critiquant, l'un n'empêche pas l'autre. De plus, l'histoire telle qu'elle nous est racontée est souvent énormément faussée quant à la place (ou l'absence) des femmes dans la société.

Septembre

6 jours de plus en septembre sans événement sexiste à rapporter.

mercredi 2 octobre 2013

À l'écoute

Récemment j'ai passé une journée en compagnie de plusieurs de mes amiEs. Après de l'activité physique, nous nous sommes assisES autour de pizza et de bière et nous avons discuté de tout et de rien.

Les mêmes éléments de communication problématiques associé au genre habituels sont ressortis dans notre groupe. Par exemple, avant de commander la pizza, j'ai demander aux gens d'être silencieuxSES pendant mon appel. Un ami n'a pas entendu (écouté?) et a continué sa conversation. Il ne voyait pas le malaise de son interlocuteur, ni n'identifiait les chhhuuttt, comme étant à son endroit. Il a fallu l’interpeller fort et lui faire signe pour qu'il arrête de parler. De plus, les hommes avaient une tendance plus fréquente à couper la parole et fallait les en avertir par moments. Tout cela au sein d'un groupe dont la majorité des membres sont sensibles à la cause féministe et sont au courant des dynamiques de communication inégales. 

C'est dire à quel point c'est ancré et qu'il reste du travail à faire. 

Baisés

Au travail, nous faisons face à une impasse. Nous souhaitons améliorer nos conditions de travail Et notre salaire. Il semble que cela soit impossible à concilier. Afin d'illustrer cette réalité, mon patron a employé l'expression suivante:

- On est baisés. 

Ah, la bonne vieille image de la pénétration comme outil d'assujetissement. 

Tant que l'on verra la pénétration sexuelle comme un outil d'assujetissement, on pourra considérer que l'on continue de voir les femmes et les homosexuels comme des assujetiEs. 

Cette vision contribue aussi grandement à la culture du viol, puisque les agressions à caractère sexuel sont des prises de pouvoir. 

Complication

Une femme et sa fille marchaient sur la rue tout en discutant de façon animée. En les observant, il était facile de conclure que la petite était mécontente de quelque chose.  Éventuellement, elles croisèrent une femme qu'elles connaissent. Voyant le mécontentement de la petite, elle s'est éclamée:

- Ah c'est compliqué, hein! Une vrai fille. 

Le mythe très ancré dans notre imaginaire collectif comme quoi les femmes sont compliquées (entendre, plus compliquées que les hommes et pas pour des bonnes raisons) a la couenne dure. 

J'ai déjà expliqué en quoi des stéréotypes de genre rigides sont nocifs, je n'y reviendrai pas.

Le mythe spécifique de la femme compliquée contribue à plus d'un élément problématique. D'abord, il dépeint les femmes d'une façon négative, cela contribue à la démonisation plus globale des femmes. Démonisation, le mot semble fort mais je n'en connais pas d'autre qui décrive aussi bien le phénomène selon lequel les femmes sont constamment analysées avec une lunette négative: responsables des tares de leurs enfants, infidèles, manipulatrices, insidieuse, non solidaires, etc. En effet, lorsque l'on parle de la soit disant complexité des femmes, on en parle pas de façon positive et curieuse mais bien de façon négative et la plupart du temps en comparaison avec les hommes.

Cet élément de comparaison alimente le sentiment d'une guerre d'opposition entre les sexes. 

De plus, le mythe contribue aussi à notre tendance à banaliser, à discréditer et à infantiliser les problèmes et les émotions des femmes. On peut rapidement les balayer du revers de la main avec l'excuse de la complication inutile du caractère femme de la personne impliquée. Cet aspect nous encourage à alimenter ce mythe, puisqu'il nous permet de nous dissocier des problèmes des autres, des femmes.

dimanche 29 septembre 2013

Tes bas

Alors que je pédalais pour rentrer à la maison. Deux hommes en voiture, après m'avoir observé de haut en bas et référant aux bas collants que je portais sous mon short:
 
Mademoiselle vous avez de beaux bas, très joli.

Puis ils ont continué leur route sans demander leur reste.
 
Harcèlement sexuel public = sentiment d'insécurité. Répétition du harcèlement sexuel public = contrôle social des femme par la peur.
Objectification sexuelle = déshumanisation. Répétition d'objectification sexuelle = dévalorisation de l'humanité des femmes.

vendredi 27 septembre 2013

Stylée

Je me rendais à l'épicerie il y a quelques jours lorsqu'un homme assis sur un banc public m'a dit:

- Wow, tu as du style Mlle,

J'allais le regarder et sourire afin d'exprimer mon appréciation de son commentaire lorsqu'il a fini sa phrase:

- c'est chaud!

Soudainement, tout le plaisir d'un beau compliment s'est évanoui. Pourquoi? Parce qu'il ne voulait pas réellement me complimenter sur mon sens du style. Il voulait s'en servir afin de me sexualiser à son bénéfice.

Harcèlement sexuel public = sentiment d'insécurité. Répétition du harcèlement sexuel public = contrôle social des femme par la peur.

Objectification sexuelle = déshumanisation. Répétition d'objectification sexuelle = dévalorisation de l'humanité des femmes.

Déménagement (bis)

Tel que mentionné dans une entrée précédente, en vue de mon déménagement, je vends ma sécheuse à un couple de mes collègues. J'avais alors mentionné avoir assuré ma collègue que je pourrais sans problèmes aider son conjoint à déménager la sécheuse. 

Afin de nous coordonner pour le déménagement de ma sécheuse, ma collègue est venue me voir et m'a dit:

- Bon, vu qu'il faut deux hommes pour la déplacer, ça pourrait se faire ce weekend ou lundi.

Pour entendre une ennième fois mon argumentaire à ce sujet, je vous réfère aux entrées suivantes:


mercredi 25 septembre 2013

Femme au volant


Une collègue nous racontait avec humour comment elle s'était malencontreusement coincée entre la bêcheuse et sa terrasse le weekend dernier lorsqu'un collègue lui a coupé la parole avec le commentaire suivant:

C'est pour ça que les femmes font des accidents en voiture.

Hummmm. Donc, parce que ma collègue a appuyé une fois dans le weekend sur la mauvaise manette de la bêcheuse, les femmes font des accidents de voiture. Il me manque le cause à effet, là. Raison: il n'y en a pas. 

Bien sûr, mon collègue ne voulait pas litéralement faire un lien de cause à effet. Il faisait une blague sur le populaire stéréotype des femmes qui ne savent pas conduire. Le problème est que ce n'est pas vraiment une blague. Les hommes y croient vraiment pour beaucoup d'entre eux.

Le fait est que les femmes font moins d'accident de voiture. Pourtant la croyance de notre incompétance au volant persiste. Pourquoi? Je n'en sais rien. Un lien avec le fait que les fait que nous sommes traditionnellement moins présentes dans les domaines de la mécanique? Peut-être.

C'est une bonne façon de nous garder loin en tout cas. Parce que des commentaires comme ça, ça ne fait pas envie.

Sans compter qu'il a utilisé la bonne vieille technique du coupage de parole afin de prendre le crachoir pour faire une blague, en plein milieu d'une blague. Ça sent l'entitelment d'espace à plein nez.

Harcèlement Sexuel - Avertissement de déclencheur

Aujourd'hui est ma 100e entrée. Pas le 100e événement sexiste, mais je tenais tout de même à le souligner avec un sujet qui me tient particulièrement à coeur, les agressions sexuelles.

Une femme que je côtoie est arrivée l'autre jour et avait l'air morose. Je lui ai demandé ce qui se passait. Elle m'a raconté l'histoire suivante:

Il y a 2 jours au travail, un de mes collègue s'est mit à me masser les épaules. Je me sentais pas trop à l'aise, mais je savais pas quoi faire. Il a descendu ses mains sur mes hanches et s'est mit à me donner des becs dans le cou. Là j'ai mis ma limite. Je suis encore sous le choc. Je travailles pas là depuis longtemps, je sais pas trop quoi faire. Je vais en parler au patron cette semaine. 

Déjà qu'il se mette à lui masser le cou sans lui demander son avis, c'est problématique. Encore une fois le corps des femmes comme propriété publique. Ton corps est là, devant moi, j'y ai droit, je me sers. Puis, l'évolution vers un contact très intime et sensuel, encore une fois, sans son consentement.

(Je sais que je répète souvent le mot encore et l'expression encore une fois. Il s'agit là pour moi d'une façon d'illustrer comment le sexisme est aussi une torture de la goutte d'eau. Que la répétition crée en partie la problématique)

Ce que ma connaissance a vécu est du harcèlement sexuel, une des différentes formes d'agression sexuelle. Oui, un geste unique peut constituer du harcèlement. 



Les agressions sexuelles sont un des crimes dont les femmes sont le plus victimes. C'est un crime invisible, tabou, banalisé. Un crime où l'on blâme les victimes et justifie l'agresseur. Un des crimes qui laisse le plus de traces psychologiques. La psychologue Pascale Brillon, spécialiste des troubles post-traumatiques, compare le trauma d'une agression sexuelle à celui des soldats ayant fait la guerre. Ce n'est pas peu dire. 



Tout le monde ensemble. Brisons le silence. 

'Tite (lire tssite)

Mon patron à moi l'autre jour en me saluant alors que je rentrais au travail:

Tu t'en va travailler avec tes 'tits cheveux, ta 'tite mèche.

Et moi de répondre:

Non, je m'en vais juste travailler.

Verrait-on ce genre de commentaire envers un homme? L'image en elle-même est absurde.

J'ai déjà parlé de la tendance sociale à infantiliser et à discréditer les femmes. Un des moyens utilisé à cet effet est le 'tite.

Ta 'tite carte, ton 'tit livre, ta 'tite jupe, ta 'tite robe, tes 'tits cheveux, tes 'tits souliers, etc. Pourquoi nos effets seraient-ils petits? En comparaison à quoi? Cette tendance paternaliste contribue à l'infantilisation et la diminution sociale des femmes.

J'ajouterais que le fait que cela vienne de mon patron rajoute une couche au côté inadéquat du commentaire.

vendredi 20 septembre 2013

Martini vs Bière tablette

Hier j'étais au dépaneur avec mon partenaire, question de se procurer une bière pour bien finir notre soirée sur la terrasse. Nous étions devant les réfrigérateurs et cherchions une marque de produit spécifique lorsqu'un homme est passé devant moi et m'a dit:

-Tu cherches les Smirnoff Ice?

Pour le bénéfice de celles et ceux qui ne connaissent pas ce produit, il s'agit d'une boisson alcolisée à base de vodka, aromatisée aux fruits et surtoût associée aux femmes. Les hommes qui en boivent sont souvent affublés du sobriquet de tapette.

D'abord, il s'agissait encore une fois d'une offre de solution, non sollicitée, à un problème inexsitant. L'information qu'il voulait me partager m'était bien inutile dans ma quête.

Puis, il ne s'est adressé qu'à moi. Moi j'ai besoin d'aide pour trouver ce que je cherche. Mon partenaire pas. 

Finalement, il présume que je cherche un produit typiquement associé aux femmes. Comme si une femme ne peut vouloir autre chose que ce qui lui est spécifiquement destioné ou associé. Cela entre dans la mode récente des féminisation des produits associés au masculin: marteaux roses, fusils roses, etc. Ça creuse le fossé.

jeudi 19 septembre 2013

Déménagement

Dans le cadre de mon déménagement, je me départis de différents objets. Un de ces objets est ma sécheuse, que je vend à un couple de collègues. 

J'organisais avec ma collègue les arrangements pour qu'elles-ils viennent chercher la séheuse quand ma collègue a dit:

- Ah c'est bien, ce jour là il pourrait venir avec son fils, ils seraient deux gars. Ah oui les deux gars c'est bien pour la sécheuse.

Plus, tard, afin de prévoir un plan B au cas où le fils en question ne pourrait pas venir aider, elle me demande:

- Au pire, toi, pourrais-tu l'aider? C'est quoi qui est lourd, la laveuse ou la sécheuse?
- La laveuse. Une sécheuse ça se transporte très bien, je pourrais l'aider sans problème. 
- C'est vrai?! 
- Oui, j'ai déménagé moi-même mes électros à plus d'une reprise, une sécheuse c'est très facile.
- Ah oui?!
- ...
- Ah bon ben ok, on va regarder ça.

Donc, idéalement il faudrait deux hommes, mais dans le pire des pire, ce pourrait être une femme et un homme.

Je me répète, je le sais. Les courbes de normalité de force physique se superposent à 80%. 80%. Pas 10%, pas 15%, 80%. Ce n'est pas que les athlètes olympiques qui sont plus fortes que certains hommes. Ce sont des Mmes tout le monde. Tant qu'on va continuer à décourager les femmes de s'activer musculairement,on va globalement y croire, que nous ne sommes pas capables.

mercredi 18 septembre 2013

Homosucepticyclettus

Je fais du vélo sur une base régulière et j'utilise principalement les pistes cyclables.

J'ai observé un phénomène tout au long de la saison. Au début, je me disais que c'était un hasard. Quand il s'est répété, je croyais que c'était peut-être mon hypervigilance. Après plusieurs mois d'observation, force m'est de constater qu'il s'agit effectivement d'un phénomène sexiste.

L'homosucepticyclettus est un cycliste qui n'aime pas se faire dépasser par une cycliste. Ainsi, lorsque l'homosucepticyclettus se fait dépasser par une cycliste qui a un rythme de croisière supérieur au sien, il procède à une accélération ponctuelle afin de la re-dépasser. Mais comme la cycliste a un rythme régulier supérieur à celui de l'homosucepticyclettus, elle finit bien sûr par le re-dépasser. L'homosucepticyclettus, piqué dans sa fierté, répète le manège et ce, sans fin. 

Plusieurs hommes sont encore très affectés par le fait d'être surpassés par une femme dans un domaine plus typiquement masculin. Ici le cyclisme, originalement pratiqué majoritairement par des hommes et associé aux performances athlétiques. 

Si les femmes étaient perçues comme aussi capables que les hommes, ces derniers ne se sentiraient pas si mal d'être surpassés par elles. 

Salope

Un collègue me racontait son rêve de la veille.

J'étais dans un restaurant avec des amiEs et une salope s'est mis à nous lancer de la bouffe.

Salope. Entendre ce terme me fait mal. D'abord, de par mon expérience personnelle. J'ai été affublée de ce haineux sobriquet à plus d'une reprise dans ma jeunesse. Pourquoi? J'ai eu le  ''malheur'' d'avoir des relations sexuelles avec plus d'une personne (pas en même temps, je précise), d'aimer ça et de ne pas le cacher. Je me le suis fait lancer par des hommes dont j'ai refusé les avances, d'autres qui trouvaient mon habillement trop sexy, d'autres qui passaient en voiture et voulaient...je ne sais pas trop avoir quel effet, puis d'autres encore qui n'acceptaient pas que je me promène main dans la main avec ma conjointe. 

Entendre ce terme me fait mal parce qu'il indique une haine spécifique envers les femmes. Il n'y a aucun équivalent masculin. Salaud ne fait pas référence à la sexualité masculine, mais bien à la méchanceté et son équivalent féminin (salope) est aussi utilisé pour la méchanceté. Les termes haineux spécifiques envers les femmes sont nombreux et visent surtout la sexualité ou le corps: salope, pute, chienne, vache, charrue. Les fois où l'on souhaite référer à la sexualité débridée d'un homme, on utilise des termes féminins: pute, men whore et c'est fait de façon plutôt humoristique ou fière. 

Un peu comme l'utilisation du ''N'' word réfère spécifiquement à la couleur de la peau, salope réfère spécifiquement au genre. C'est un terme misogyne utilisé ouvertement, librement, et fréquemment, sans seconde pensée. Et ça me fait mal.  

Non, merci

Non, merci.

Deux mots. Simples. Clairs. Polis. Et pourtant.

Et pourtant, souvent, ils ne sont pas respectés.

Échange entre un résident et une résidente sur l'heure du souper à mon travail:

Lui, se penchant vers elle à littéralement deux pouces de son visage: Tu veux-tu de la lasagne?
Elle, se reculant un peu, sourire gêné: Non, merci.

Quelques minutes plus tard.

Lui, toujours penché sur elle: Tu veux pas de la lasagne?
Elle: Non, merci.
Lui: T'es sûre?
Elle: Oui, oui
Lui: Parce que quand y en aura pus, faudra pas le regretter là.
Elle: Oui oui.

Que l'on insiste un peu à offrir des aliments à quelqu'un qui vient d'arriver parce qu'on se dit que la personne est peut être gênée de se servir, je le conçois très bien. Que l'on insiste à plusieurs reprises et qu'on fasse suivre son refus d'une menace paternaliste, ça passe moins bien. Sans compter l'envahissement de l'espace de l'autre.

Je ne m'attarderai pas, j'ai déjà élaboré sur ces deux sujets.

mardi 17 septembre 2013

La p'tite

Je suis intervenante psychosociale dans un centre d'hébergement. Je suis donc automatiquement dans un rapport d'autorité avec les usageÈrEs. Comment? Elles-ils sont dans une position de demande d'aide et je fournis l'aide, j'ai des informations privilégiées et sensibles à leur sujet, elles-eux pas, je possède des connaissances dont elles-ils ont besoin, etc. Ainsi, même si on tente de diminuer le plus possible le rapport hiérarchique avec la clientèle, on est jamais complètement au même pied d'égalité.

Une de mes collègues mesure 5 pieds 2 environs. 

Le rapport?

Le sobriquet qu'on (les résidents) lui impose sur une base régulière: la p'tite.

Beaucoup d'hommes sont réticents à recevoir de l'aide en général, mais de la part d'une femme encore plus. Ils s'en sentent diminués. Une des façons qu'ils ont trouvé afin de récupérer un sentiment de pouvoir est de diminuer, de discréditer les intervenantes. Surnoms infantilisants, commentaires sur notre apparence, questions extensives sur nos compétences, tentatives de nous en ''boucher un coin'', étalage excessif de leurs propres compétences, intimidation, etc.

Je n'ai jamais vu un de mes collègues masculin se faire traiter de la sorte. 

Les hommes ne trouveraient pas si difficile d'être aidés par des femmes si nous étions vues comme des égales dans notre société.

Variation sur un même thème

Toujours lors de mon jogging de dimanche dernier.

Une homme dans une voiture m'a regardé, a mis ses mains ouvertes paumes vers le ciel à la hauteur de sa poitrine et  a fait des allées et venues verticales avec ses mains. Traduction: il mimait mes seins qui bougeaient pendant que je courais. 

Une des choses que je trouve difficile dans le fait d'avoir des gros seins, c'est qu'ils bougent dès que je m'active un peu et que je crains qu'ils attirent de l'attention indésirable. Il m'a confirmé que j'ai raison d'avoir peur. Ils étaient plusieurs dans la voiture à trouver ça très drôle. Moi je voulais me fondre dans le trottoir et pour le reste de ma course j'étais apeurée que d'autres personnes fixent leur attention sur mes seins, de me sentir sous la loupe, dénudée en public conte mon gré. 

Idem contrôle social des femmes que dans mon entrée précédente, mais aussi spécifiquement dans les sports. Ce harcèlement vise mes seins en action. Les activités sportives sont encore des lieux hostiles aux femmes, entre autre à cause de ce type de harcèlement sexuel très répandu. 

Envowèye, cours!

C'est ce que m'a lancé un homme, tête sorti de la voiture dont il était passager, alors que je faisais mon jogging dimanche dernier.

Je ne vois pas les hommes qui font de l'exercice physique en public se faire hurler ce genre (ou tout autre genre d'ailleurs) de commentaire par la tête. 

Je ne sais pas exactement ce que souhaitent accomplir les hommes qui agissent ainsi, mais je sais quel en est le résultat. Je me sens mal. Je me sens attaquée, harcelée, sous les projecteurs, humiliée, lorsque je reçois ce genre de commentaire. Résultat, mon expérience de jogging est beaucoup moins agréable. 

Résultat lorsque la plupart des femmes se font lancer des commentaires pareils à plusieurs reprises dans une vie, une année, une semaine, une journée, elles évitent certaines activités, certains lieux, certaines personnes et certains vêtements à certains moments afin d'éviter le plus possible de subir du harcèlement. Synonyme: contrôle social. 

lundi 16 septembre 2013

Moi à tes dépends

Un collègue de travail fréquente actuellement une femme. Elle a été très claire avec lui qu'elle souhaitait développer une relation sérieuse et qu'elle ne voulait avoir des relations sexuelles avec lui que si le sentiment était réciproque.

En discutant récemment, il m'a exprimé qu'il savait que cette relation ne déboucherait pas sur une relation sérieuse. Pour différentes raisons de valeurs, de personnalité.

Dans la même conversation, j'ai appris qu'il avait des relations sexuelles avec elle. Je lui ai reflété que je trouvais cela bizarre, vu qu'elle était claire qu'elle ne voulait pas relations sexuelles s'il ne voulait pas de relation sérieuse. Il s'est arrêté, a réfléchi, puis a dit:

Ah oui, c'est vrai.

Suite à quoi il a décidé de continuer à la voir,  à coucher avec elle et de ne pas lui partager tout de suite le fait qu'il ne veut pas de relation sérieuse avec elle.

Il n'avait pas pris le temps de réfléchir à ce qu'elle voulait avant de coucher avec elle. Maintenant il a reprit conscience de sa réalité à elle, de ce qu'elle veut ou pas et décide volontairement d'aller à l'encontre de ses désirs à elle afin de répondre à ses désirs à lui.

Cette attitude principalement masculine, déshumanisante et égocentrique est banalisée, voire cautionnée dans notre société. Elle est blessante et peut affecter les gens qui la subissent à plusieurs niveaux: sentiment de trahison, baisse de l'estime personnelle suite à la non considération de leurs désirs et de l'utilisation de leur corps, méfiance et j'en passe.

dimanche 15 septembre 2013

Phhussiuutuuuuutshshshs

Vous n'avez rien compris? Moi non plus. Mais je sais que ce n'était pas des mots doux. Comment? Je vous met en contexte et vous allez arriver à la même conclusion que moi.

Je marchais dans une petite rue isolée à 22h00 le soir et lorsque je suis passée devant un homme assis sur un banc, il s'est mis à me murmurer des choses que je n'ai pas comprises.

Je n'ai pas accéléré le pas parce que je refuse de modifier mes comportements par peur, mais le fait est que j'avais effectivement peur. Je me sentais intimidée, craignais pour ma sécurité, j'avais des scénarios de viol dans la tête.

Peut-être se parlait-il à lui-même. Peut-être me disait-il de faire attention, la rue était barrée. Peut-être me complimentait-il sur mes souliers, effectivement superbes.

Peu importe. Le fait est que j'avais peur, que j'avais des scénarios de viol dans la tête. Cette peur et ces scénarios ne me sont pas tombés du ciel. Ce n'est pas ma fertile imagination qui a inventé cette menace potentielle. C'est mon expérience de vie. 98% du temps qu'un homme m'aborde dans la rue, c'est avec un motif sexué et ce, depuis que j'ai 11 ans. J'ai été suivie, harcelée, attouchée, solicitée pour services sexuels, attaquée et ce, depuis que j'ai 11 ans. Depuis plus de 20 ans, ça a été mon expérience. Et je ne suis pas une anomalie.

Lors de plusieurs soirées avec d'autres femmes ou peronnes trans ayant eu une socialisation de femmes, dès qu'unE d'entre nous brisait le silence, les histoires se multipliaient. Mon vécu n'est pas extraordinaire, il est la norme. 

Les femmes vivent encore certaines situations sociales dans la peur et pour moi, cela dénote un problème majeur et global de société.

Et nous là-dedans

Le féminisme n'est pas particulièrement prisé dans notre société. Je dirais même qu'il est très critiqué, voir haï. Malgré cela, il semble y avoir consensus social sur le fait que les femmes sont encores celles qui assument la majorité des tâches ménagères ainsi que la gestion des tâches ménagères. J'entends régulièrement des gens critiquer cette réalité et certains hommes s'en réjouire.

À mon travail, tous les matins, on prend le temps de déterminer les tâches de la journée avec les résidentEs. Récemment parmi les résidentEs, il y avait un seul homme et plusieurs femmes. Les femmes prenaient sur elles de faire les tâches qui étaient assignées à l'homme en plus des leurs, cuisinaient des desserts à son intention, le chouchoutaient.

Un livre paru il y a quelques années démontrait que, bien que les femmes soient conscientes de cette inégalité, elles la toléraient et participaient  à son maintient par peur de paraître trop exigentes et d'être éventuellement laissées par leurs conjoints.

La peur d'être seule est bien ancrée dans notre inconsscient: une femme seule est incomplète, indésirable.  Nous avons pourtant aussi une part à jouer dans notre qualité de vie quotidienne. Si toutes les femmes refusaient un partage inéquitable des tâches dans leur couple, le risque de rupture en faveur d'une autre femme moins ''exigeante'' serait nul. Les hommes intérioriseraient que les tâches ménagères sont autant les leurs que celles des femmes.
 
Loin de moi l'idée de responsabiliser uniquement les femmes des changements à apporter dans nos comportements genrés. Les hommes doivent prendre conscience de leur participation aux inégalités et agir activement afin de les déconstruire, d'autant plus qu'ils possèdent plus d'outils pour y arriver que les femmes. Mais nous avons une certaine zone de pouvoir et il nous nous devons, pour nous-même et les unes les autres, de l'exploiter.

Homme à femmes

Ha heille, je suis bien entouré moi là.

De dire un résident en référence au fait qu'il était uniquement entouré de femmes. CertainEs pourraient voir son commentaire comme un compliment. Cette analyse ne prend pas en considéaration les implications du commentaire.

S'il se considère chanceux d'être entouré uniquement de femmes, c'est parce qu'il voit en les femmes quelque chose de plus plaisant qu'en les hommes, forcément. Elles lui apportent quelque chose qu'un environnement uniquement masculin ne lui apporterait pas. 

Qu'est-ce donc cette chose? Du bonbon pour les yeux, entre autres. Dans ce contexte les femmes sont (ma foi, encore) valorisées pour leur apparence. C'est bien d'être une femme parce qu'une femme c'est beau et que ça lui fait plaisir d'en voir plusieurs à la fois. Parler, rire, jouer, il peut faire tout cela avec des hommes. Que peut-il uniquement faire avec des femmes? Les objectifier.

C'est ce qu'on appelle en anglais un Back Handed Compliment, un compliment du revers de la main, qui a un envers, une contrepartie.

D'apprécier le fait d'être spéficiquement entouré de femmes fait forcément référence à des stéréotypes de genre puisque sinon, il n'y aurait pas nécessité de souligner la situation. Ainsi, son appréciation peut être due aux qualificatifs que l'on associe à la féminité, douceur, caring, humilité, etc.

Dans tous les cas, les femmes sont soit objectifiées, soit confinées à un rôle très sticte de genre. Déroger à ce rôle viendrait briser le plaisir de cet homme.

Marquer son territoire

L'autre jour je suis arrivée sur mon lieu de travail et le bureau commun était plutôt bordélique. Une de mes collègue, connue pour être éclatée et désorganisée, s'est rapidement excusée, voyant qu'elle s'était étalée dans le bureau. Rapidement, un autre collègue, prenant conscience de sa participation au désordre, dit:

- Ah oui, c'était un environnement trop féminin, j'ai voulu me l'approprier.

Cela était sa forme d'explication (excuse?) pour le désordre régnant dans le bureau.

D'abord, n'a-t-il pas remarqué que le désordre était du en grande partie aux comportements d'une femme? Comment pouvait-il affirmer que le désordre est un élément typiquement masculin devant la situation telle qu'elle était? Simplement parce que les stéréotypes sont ancrés à ce point. 

Puis, il n'a pas pu simplement exprimer son malaise d'avoir participé au désordre, il a du utiliser une forme d'humour qui justifiait ses actions. Les hommes sont socialisés à communiquer ainsi. Ne pas reconnaître un tort et justifier son action. L'environnement était trop féminin. S'excuser démontre de la faiblesse.

mardi 10 septembre 2013

Un gars, une chorégraphie

Dans  mon cours de danse, nous apprenons une nouvelle chorégraphie, dont une partie est conçue pour un homme. Hier nous n'étions que des femmes dans la classe mais j'ai appris plus tard qu'il y aurait un homme qui se joindrait au cours, d'où la partie de chorégraphie lui étant destinée.

Ainsi, pour les 20 femmes de la classe, une seule chorégraphie, et pour le seul homme, une seule chorégraphie aussi. Cela parle beaucoup de l'importance que l'on accorde aux homme dans la société. Un seul dans le cours et il se mérite une chorégraphie au complet. C'est donc à dire que la professeure a prit de le temps de créer toute une chorégraphie pour un seul étudiant parmi ses dizaines d'autres étudiantes.


Blague

Hier marquait le début de la saison de danse. La professeure nous a avisées que la première chorégraphie que nous allions faire serait plutôt féminine et sexy. Elle a aussi mentionné qu'il y avait une partie conçue pour un homme mais qu'on ne la verrait pas maintenant. 

Personnellement, je suis plutôt mal à l'aise de faire des chorégraphies très féminines. Lorsque j'ai entendu qu'il y avait une partie pour un homme, j'ai sauté sur l'occasion en me disant que je me sentirais mieux dans cette partie. J'ai demandé:

- Je peux-tu faire le gars?

Mes collègues de classe se sont esclaffées. Pour elles il s'agissait visiblement d'une blague. Je ne pouvais pas sérieusement vouloir faire la partie conçue pour l'homme. Ou alors l'idée que je le fasse était risible.

Cette réaction ramène entre autres à la difficulté d'accepter des rôles de genre non stéréotypés. J'ai déjà abordé comment cette tendance est nuisible, potentiellement dangereuse. J'ai aussi déjà mentionné que, malgré que la rigidité des stéréotypes soit nuisible pour tout le monde, les femmes sont les grandes perdantes dans la répartition des privilèges associés aux rôles de genre.

Mon instinct me souffle qu'il y a possiblement de l'homophobie aussi derrière cette réaction. Sont-elles mal à l'aise de voir une autre femme dans le rôle de l'objet de désir leur étant destiné? Piste de réflexion.

La norme

Vous êtes bons!

C'est ce que ma professeure de danse  nous a répété, à sa classe exclusivement féminine, pendant une heure de temps.

La masculin est la norme, le reste (principalement le féminin) est exceptionnel.

mardi 3 septembre 2013

Mansplainer

En vue de mon déménagement, je vends certains objets sur Internet. Tôt ce matin, un homme est venu chez moi pour acheter un écran d'ordinateur. Il voulait s'assurer que la luminosité lui convenait car il a de mauvais yeux et m'a demandé de le tester. Je trouvais sa demande tout à fait légitime et j'étais heureuse de l'aider.

J'ai amené l'écran dans la salle de travail, il est venu à ma suite. En fait, il se tenait pratiquement au dessus de moi. Avant que je commence à débrancher et rebrancher les fils nécessaires, il s'est mit à m'expliquer quels fils débrancher et rebrancher pour tester l'écran. Je lui ai poliment dis que je savais bien quoi faire.

Je regardais les fils et réfléchissais à ce que je devais faire lorsqu'il m'a redit ce que je devais faire pour que ça fonctionne. J'ai poliment réitéré que je savais bien quoi faire, merci.

Toujours en se tenant presque sur moi, me laissant peu d'espace de mouvement, il a répété le manège à deux autres reprises. J'ai finalement utilisé un ton plus ferme:

Écoutez M., c'est pas la première fois que je teste un écran, je sais ce que j'ai à faire. Il n'y a pas longtemps que je suis réveillée, laissez-moi deux minutes pour figurer le tout. Je commence à trouver ça lourd, ce matin là.

Il a enfin arrêté. Jusqu'au moment de mettre l'écran dans sa boîte.

Ce qu'il faisait est décrit dans certains milieux féministes comme du mansplaining. Une traduction littéraire serait peut-être hommeplication ou hommepliquer.  Le concept peut être définit ainsi: tendance de certains hommes à croire qu'ils en savent plus qu'une femme sur un (ou des) sujet et conséquemment procèdent à leur expliquer des choses qu'elles savent déjà. Comme le nom le dit, c'est un phénomène essentiellement porté par les hommes. 

Les hommes sont socialisés à avoir confiance en leurs connaissances et présumer qu'ils en savent plus que les autres. Ils utilisent aussi leurs connaissances comme outil de prise de pouvoir, entre eux et avec les femmes. De notre côté, nous sommes socialisées à remettre en doute nos affirmations et connaissances, ainsi qu'à laisser le rôle actif aux hommes. Ce matin la dynamique ne fonctionnait pas car je refusais de jouer le rôle associé à mon genre.

dimanche 1 septembre 2013

Double standard

Hier était un jour sans événement sexiste. Yé.

Aujourd'hui j'ai passé du temps en famille. Ma nièce semble avoir prit l'habitude de grogner lorsqu'elle est mécontente. Elle ne manipule pas les objets avec beaucoup de délicatesse et s'exprime parfois avec agressivité (coups, menaces). Elle se fait reprendre à chaque fois qu'elle agit avec un de ces comportements.

Je ne suis pas contre l'idée de reprendre les enfants qui démontrent de l'agressivité. Ce qui me dérange est que l'agressivité semble être beaucoup plus tolérée chez les garçons que chez les filles. Je l'ai moi-même vécu dans l'enfance.

Le fameux ''boys will be boys'' semble encore prévaloir lorsque l'on est témoin de comportements agressifs chez les garçons, alors que chez les filles, c'est perçu comme innacceptable.

Ce sont les premières pierres qui construisent (entre autres) la perception qu'une femme agressive est hystérique ou folle, parce qu'on associe pas l'agressivité à un comportement sain chez une femme, alors que chez un homme oui. 

samedi 31 août 2013

Bébé surprise

Un collègue me parlait de la femme qu'il fréquentait et mentionne à un moment donné:

- J'espère qu'elle me fera pas un bébé dans le dos.

Et moi de répondre:

- Ben si tu veux pas de bébé, tu sais ce que t'as à faire. On peut pas te ''faire un bébé dans le dos''. T'as des options.

- Ah ouais, mais ça me fais chier les capotes.

Alors cet homme ne veut pas d'enfant, ne veut pas utiliser un moyen de contraception sur lequel il a du pouvoir et responsabiliserait sa partenaire d'une grossesse éventuelle.

Une femme peut effectivement mentir sur la contraception qu'elle utilise ou pas et cette dynamique est malsaine. Cela ne fait pas d'elle la seule et unique responsable d'une grossesse éventuelle.

D'abord, je souhaite refléter à tout homme qui est dans une relation dans laquelle il sent qu'il ne peut avoir confiance en sa partenaire sur un sujet aussi important que la contraception qu'il me semble qu'il y a quelquechose de malsain dans la relation et cela devrait être adressé.

Deuxièmement, les hommes ont aussi des choix contraceptifs sur lesquels ils ont du pouvoir: le condom, ne pas pratiquer la pénétration vaginale, proposer des méthodes barrières qu'il peut aider à mettre en place comme les éponges spermicides, le diamphragme ou le condom féminin.

Le concept de ''faire des bébés dans le dos'' est intrinsèquement sexiste puisqu'il responsabilise les femmes des grossesses malgré que les hommes aient aussi des connaissances et du pouvoir sur leur contraception.

S'ils préfèrent ne pas utiliser de condom, ne pas assiter à la mise en place de la contraception et pratiquer tout de même la pénétration vaginale, il s'agit d'un choix fait en toute connaissance de cause et pour lequel ils sont tout aussi responsables que les femmes.

Les femmes sont sur-responsabilisées lorsqu'il est question de la grossesse et des soins apportés aux enfants. Le commentaire de mon collègue représente bien cette culture. 

jeudi 29 août 2013

Mon patron (partie3)

Afin de bien comprendre cette entrée, lire  les entrées précédentes à ce sujet est nécessaire.



Nous avons engagé de nouvelles employées récemment. Tel que je le craignais et fidèle àses habitudes, mon patron a commencé à parler de sexualité en leur présence. Il commence  habituellement ainsi pour ensuite escalader à des commentaires plus personnels.

Récemment, alors qu'il parlait de sexe à une des nouvelles (qui souriaint jaune, soit-dit en passant) il dit:

- ...je parle de sexe pis après ça je me fais ramasser par elle (en me pointant). Faut que je fasse attention, hahahahaha.

Il a donc recommencé son manège de harcèlement sexuel en vers les nouvelles et de harcèlement psychologique à mon endroit. Il fait référence aux limites que j'ai mises de façon légère et humoristique. Il ridiculise ainsi les conséquences de ses actions, la détresse psychologique que je vis et les moyens que je tente de prendre pour remédier à la situation.

Ce comportement s'inscrit dans la dynamique sociale des agressions à caractère sexuel et de la violence envers les femmes, principalement commises par des hommes envers des femmes et des enfants.

La drague

Lors d'une discussion sur la drague avec une collègue, elle m'explique sa théorie sur pourquoi les hommes draguent moins qu'avant:

- Je crois que parfois aussi ils en ont marre de se prendre des vents (comprendre se faire dire non)

Il est de croyance commune que lorsqu'un homme aborde une femme, celle-ci lui doit une réponse positive, indépendemment de son propre intérêt ou sa disponibilité. 

Cette croyance démontre bien l'entitelment des hommes envers les femmes et il en découle, entre autre, une dynamique de violence envers les femmes. Nous sommes nombreuses à nous être fait traiter de frigide, coincée, féministe frustrée, mal baisée, salope, etc suite à une absence de réponse ou à une réponse négative à des avances. Cette dynamique alimente la menace que représente le monde extérieur pour les femmes et contribue donc au contrôle social des femmes. Certaines femmes de mon entourage limitent délibérément leurs sorties afin d'éviter le harcèlement et ses conséquences.

On verrais bien mal cette même croyance appliquée à une dynamique relationelle amicale, de quémandeur à passantE ou de commerce.

mardi 27 août 2013

Nice

Aujourd'hui pendant mon jogging, un homme dans une voiture m'a dévisagée de la tête aux pieds avec un regard concupiscent avant de lâcher un Nnniiicceeee,  tout aussi concupiscent et narquois, d'approbation de ce qu'il voyait.

Ce type de harcèlement public à caractère sexuel est un des éléments qui contribue au contrôle social des femmes. Nous régissons nos sorties afin de ne pas avoir à faire face à ce type de comportement. Ce type de comportement alimente un climat de peur pour les femmes seules dans la rue. Ce genre de comportement nous décourage de nous montrer à l'extérieur seules, de pratiquer des sports, de porter certains types de vêtements.

Son attitude renvoie à l'objectification constante des femmes. Il ne m'a pas envoyé un sourire d'encouragement et ne pas m'a pas exprimé son admiration pour l'effort que je déployais (ni n'importe qui d'autre d'ailleurs). Il m'a exprimé son approbation de mon apparence physique dans une perspective sexuée.

Son commentaire renvoie aussi à l'autorité auto-proclamée des hommes pour ce qui est de l'établissement des critères de beauté.

2 filles en camping - Partie 3 de 3

Pour que l'expérience Camping soit complète, il faut un feu de camp.

Pour faire un bon feu de camp, il faut du bon bois.

Il est interdit cueillir le bois de la forêt dans les parcs de la SÉPAQ, mais heureusement, on peut le leur acheter à prix (pas vraiment) modique. On paie à la caisse et on se dirige ensuite vers l'arrière-boutique pour prendre un sac en tissu et le remplir le plus possible de bon bois de feu. Ce que je fis.

L'homme qui était à la caisse est sorti à ma suite afin de m'expliquer comment bien remplir mon sac de bois. Il faut mettre les bûches debout, pas couchées. Il faut bien taper le sac par terre pour que les bûches se placent pour faire plus de place.

Jusque là tout va bien. Ses conseils sont plutôt bons et m'aident réellement à obtenir plus de bois. C'est lorsqu'il a prit sur lui de s'accaparer mon sac et de le remplir lui-même que j'ai déchanté. Il s'est dirigé vers moi, m'a pris le sac des mains et s'est mit à le rempir. Il ne m'a pas demandé mon avis, n'a pas eu un second regard pour moi.

Je l'écoutais bien, ses trucs fonctionnaient. Je ne présentais aucune difficulté à remplir mon sac de bois ni n'ai exprimé aucun signe, verbal ou non, qui pourrait laisser croire que j'avais besoin qu'il vienne remplir mon sac à ma place.

Il s'agit d'un autre bel exemple d'un homme qui tente de régler un problème (ici inexistant) pour une femme sans qu'elle lui aie demandé. Je répète que cette tendance est répandue et brime l'autonomie d'action. En plus d'alimenter  la perception sociale voulant que les hommes sont plus en mesure de régler les problèmes de tout le monde que les femmes.

lundi 26 août 2013

2 filles en camping - Partie 2 de 3

Ce weekend en camping,  mon amie et moi prenions notre thé d'après repas sur notre site lorsqu'un garde-chasse s'est avancé sur notre terrain.

- Vous avez peur, là hein? dit-il en s'avancant vers nous.
- Heu, bonjour. de dire ma copine
- Ben, on a rien à craindre, on a rien à se reprocher. que je rétorque.
- Ha ben c'est bon ça. C'est juste vous deux?
- Oui.
- Deux filles toutes seules, pas d'Alpha Mâle?
- Heu...non...?
- Hahaha.
-?????

Déjà vu. Un autre qui est surpris de trouver deux filles (femmes) toutes seules en camping.

Mais lui il ajoute en plus que l'homme (mâle) potentiel qui serait avec nous serait l'alpha (dominant). Parce que dans un groupe mixte, l'homme (mâle) est automatiquement le dominant. Sans lui, aucun leadership n'est exercé et les membres du groupe sont perduEs.

Je souligne son utilisation du terme mâle, car il est parlant, selon moi. Je crois que l'une des raisons pour laquelle on peine à accepter l'idée de deux femmes seules en camping est que pour beaucoup, on voit dans le camping une espèce de retour aux sources primitives de l'humain et que dans cette vision, on identifie l'homme (ici le mâle) comme l'élément dominant. Vision qui n'est pas nécessairement représentative de la réalité, soit dit en passant.

2 filles en camping - Partie 1 de 3

Le weekend dernier je suis allée en camping avec une amie. La veille de notre départ, elle en parlait avec un copain à elle qui s'est exclamé:

- Deux filles en camping!? Juste vous deux?!

En quoi est-il surprenant que deux filles (femmes) veuillent aller passer un weekend en camping? Comme si une femme ne peut avoir par elle-même de l'intérêt pour le camping. Encore moins que deux femmes comme ça existent, se rencontrent et décident de mettre en application cette aberration de la nature qu'elles sont. 

Dans l'esprit de cet homme, l'intérêt d'une femme pour le camping doit absolument s'insicrire à l'intérieur d'un rapport avec un (des, les) homme. Son intérêt personnel n'est pas légimitme.

Cette façon de penser est répendue dans beaucoup de domaines: sciences pures, motocyclette, bandes-dessinées, science informatique, science fiction, monde fantastique, jeux vidéo et j'en passe.

Cela contribue au manque de crédibilité que l'on donne aux femmes qui sont actives dans ces domaines, ainsi qu'au sentiment de ne pas êtres les bienvenues que plusieurs d'entre nous ressentent. Au bout de la ligne, moins de femmes que d'hommes se dirigent dans ces domaines, entre autre car elles ne s'y sentent pas confortable ni appréciées.

vendredi 23 août 2013

Un home ça pleure aussi?

Un client aujourd'hui a exprimé son inconfort à pleurer du fait qu'il est un homme.

Cela peut vouloir dire au moins deux choses.

  • Il n'est pas à l'aise de pleurer devant une femme parce qu'il est un homme. Pourquoi cela le rendrait-il mal à l'aise? C'est humiliant. Pourquoi? Parce que ce serait montrer de la faiblesse devant un être inférieur? Cela le rabaisserait donc en dessous du statut de femme et il ne peut s'y résoudre? 
  • Il n'est pas à l'aise de pleurer devant qui que ce soit (même lui-même) parce que c'est un homme. Pourquoi? Parce qu'il a apprit que les hommes ne sont pas supposés pleurer. Pourquoi? Parce que cela signifie de démontrer de la vulnérabilité, donc, de la faiblesse.
C'est un bel exemple de comment le système patriarcal nuit aussi aux hommes. 

L'expression d'émotions a été associé à la faiblesse, aux femmes, indigne des hommes. Cela a pour effet d'invalider et de discréditer le féminin et d'handicaper les hommes émotionnellement, ce qui peut avoir des conséquences désastreuses.

Lorsque l'on reconnaît une émotion chez un homme, c'est habituellement une émotion qui renforce le stéréotype patriarcal et justifie la violence: colère, frustration, irritabilité, agressivité, etc.

jeudi 22 août 2013

Qui prend la fille?

Avant de commencer mon entrée, je suis heureuse d'annoncer que les jours précédents ont été les jours 3-4-5-6 sans événement sexiste.

Aujourd'hui je discutais avec un client des obstacles possibles qu'il pourrait vivre durant sa nouvelle colocation. Comme problème potentiel, il a identifié le suivant.

- Mon coloc et moi on est tous les deux célibataires alors si on invite une fille, qui va l'avoir? C'est un des problèmes que je vois. Qui va avoir la fille.

Ai-je vraiment besoin de pousser mon analyse en profondeur? 

La ''fille'' (mineure ou femme infantilisée? problématique dans tous les cas) n'a pas son mot à dire. Qu'elle souhaite ou pas avoir une relation, quelle qu'elle, soit avec un ou l'autre n'est pas considéré. Elle est complètement objectifiée, déshumanisée, sans agence, sans importance.

samedi 17 août 2013

Comment obtenir du sexe en 3 étapes

Une collègue m'a raporté une conversation qu'elle a eu avec une connaissance concernant la séduction.

Il lui a expliqué, à elle et sa conjointe, ce que les femmes recherchaient relationnellement et sexuellement. Il leur a expliqué comment manipuler une situation et une femme afin d'en arriver à une relation sexuelle avec elle.

Ainsi, il se positionnait devant deux femmes comme un expert de ce que les femmes veulent. C'est un premier élément problématique.

Le plus inquiétant est son approche de la sexualité avec les femmes. Il voit la sexualité comme quelque chose auqel il a droit et qu'il obtient d'une femme. Pas comme une action qu'il partage avec une femme. Cette vision très répandue est à la base de la culture du viol et ses conséquences négatives sont nombreuses.

Elle valide le sentiment de droit qu'ont certains hommes envers la sexualité avec les femmes ainsi qu'une vision romantisée des agressions sexuelles. Elle justifie l'utilisation de stratégies manipulatrice et insidieuses afin d'en arriver à ses fins. 

Pour n'en nommer que quelques unes.




vendredi 16 août 2013

Compliquées

Hier au travail un résident m'a offert d'un dessert qu'il avait acheté pour tout le monde. J'ai refusé en expliquant que je n'étais pas friande de sucré en général. Voici l'échange qui suivit. 

- Ah les femmes, toujours compliqué pour ces affaires là.
- Je vais t'avouer que je vois mal le lien entre mes goûts alimentaires et mon sexe biologique.
- Ben, tu comprends ce que je veux dire, là.
- Heu, non, non, je ne comprends pas.
- Ben les gars on fait pas attention à ces affaires là.
- Vous faîtes pas attention à vos goûts?
- Hein?
- J'ai dis que je n'aime pas le sucré, pas que je faisais attention à ce que je mangeais.
- Ah, ok, ouin.

D'abord, il a interprété mon refus comme étant motivé par un soucis de poids (ou de santé...mais j'en doute, vu notre contexte de société). Pourtant, mon explication avait été très claire. Soit il ne m'a pas écoutée, soit le lien entre le poids et l'alimentation des femmes est si encré qu'on interprète tout élément en lien avec la nourriture avec cette lunette. Dans tous les cas c'est problématique.

Puis, il a rapidement généralisé ma réponse individuelle à toutes les femmes. Le fait de voir les femmes comme un bloc monolithique est très répandu et déshumanisant. En effaçant les caractéristiques individuelles on gomme aussi ce qui fait de la personne une personne. 

Finalement, il a qualifié mon présumé soucis de poids (transformé en celui de toutes les femmes) de ''compliqué''. Cela a pour effet de trivialiser l'enjeu. Si c'est ''compliqué'', ça ne donne pas trop envie de s'y pencher. Associé au ton de voix, il était clair que mon présumé soucis était superficiel. Cela entre directement dans notre tendance culturelle à discréditer les enjeux associés aux femme ou au féminin. 

jeudi 15 août 2013

Violence

Des femmes de mon entourage ont été victimes d'agression sexuelle dans un lieu public récemment. 

Je ne sais pas trop par quel angle attaquer cet événement. Il s'agissait oui d'un acte mysogine, mais dans leur cas, aussi d'un acte lesbophobe.

Les agressions sexuelles sont une prise de pouvoir commise principalement par des hommes envers des femmes et des enfants. Les pays où les  rapports de genre sont plus égalitaires ont un taux d'agression sexuelle moins élevé. Le lien est direct.

mercredi 14 août 2013

Femme de ménage

Une de mes copines et son conjoint ont engagé une femme de ménage.

Elle ne cesse de se faire dire qu'elle le mérite bien, que ça va lui faire du bien.

De deux choses l'une: soit on présume à tort qu'elle est la principale responsable du ménage, soit on présume à raison qu'elle est l'unique responsable du ménage. 

Dans les deux cas, les présomptions sont axées sur le fait que le ménage est perçu principalement comme la responsabilité de la femme du couple (hétérosexuel). 

Je fais le triste constat que les choses n'ont pas tant changé depuis quelques dizaines d'années.

mardi 13 août 2013

Ça va aller?

J'essaie d'avoir des habitudes vertes. Ainsi, lorsque je fais mon épicerie, je transporte mes achats dans mon sac à dos. Aujourd'hui ne faisait pas exception. Alors que je m'apprêtais à mettre mon sac sur mes épaules, l'homme qui me suivait à la caisse m'a demandé si j'allais être correcte.

Mon ex-conjoint était responsable de faire l'épicerie. Il transportait aussi les achats dans un sac à dos. Lui utilisait un gros sac de voyage, moi j'utilise un petit sac ordinaire. Pendant toutes les années qu'il a fait l'épicerie avec son sac à dos, il ne s'est jamais fait offrir de l'aide ou demander s'il allait être correcte.

On présume que les femmes sont moins capables physiquement, c'est ce qui explique qu'on se fait offrir de l'aide constemment et les hommes pratiquement jamais. Malgré que les courbes de normalité de fore physique se superposent à 80%. 

Encore une fois, le problème ne se situe pas dans l'offre d'aide en elle-même, mais dans les proportions. 

Une autre façon dont cette disparité se pertpétue est en refusant (ou acceptant) systématiquement les offres d'aide. Par exemple, j'offre presque toujours de l'aide lorsque je vois des gens avec des poussettes dans le métro, des sacs lourds, même des déménagements. Je suis forte, je possède un bon contrôle musculaire et de bonnes techniques d'effort. Jamais un homme n'a accepté l'aide que j'ai offerte.

lundi 12 août 2013

Chicanes de filles (Deuxième partie)

Je vous invite d'abord à lire l'entrée précédente afin de connaître le contexte de cette entrée-ci. 


La solution que ma copine proposait afin d'atténuer les ''chicanes de filles'': engager un homme.

Ne vous méprenez pas, je ne suis pas contre l'idée qu'elle engage un homme, ni de favoriser une représentation plus égalitaire des genres dans tous les milieux. Ce qui me dérange, c'est que l'arrivée d'un homme dans un groupe de femmes soit vu comme étant une solution à un problème. 

Tel que mentionné dans ma première entrée (Féminismes Quotidiens : La fuite de la matière grise), les hommes sont sur-représentés dans les solutions apportées aux problèmes des femmes. On n'attribue pas aux femmes comme caractéristique la capacité de régler leurs difficultés par elles-mêmes et entre elles-mêmes. 

Cette dynamique sociale maintient les femmes dans une position dépendante et subordonnée. Leur bien être dépend d'un homme qui viendra régler leurs problèmes. Elles peuvent bien être intelligentes et compétentes, mais ultimement jamais autant que l'homme qui, lui, possède par sa seule existence la solution/résolution qu'elles sont incapable d'atteindre par elles-même.