mardi 5 novembre 2013

Adolescentes

Lors d'une réunion de famille récente, nous parlions des difficultés péniennes que peuvent parfois vivre les jeunes garçons non circoncis. Il faut tirer le prépuce, mais pas trop, il faut laisser la nature faire les choses, mais pas au point de laisser créer de l'infection. Ce peut être assez délicat.

Devant cette réalité, mon frère a exprimé être heureux d'avoir une fille.  Puis il s'est rapidement repris en disant qu'il changerait peut-être d'idée lorsqu'elle aurait quatorze ans.

Il faisait référence à l'idée très répandue qu'il est bien plus compliqué d'élever une fille qu'un garçon. D'une part parce qu'elles sont intrinsèquement compliquées, d'autre part parce que cela implique plus de préoccuations pour leur sécurité. 

Même s'il est vrai que les filles sont plus à risque de subir des agressions sexuelles, les garçons le sont aussi, en assez haute proportion d'ailleurs. Les statistiques rapportent qu'un garçon sur six serait victime d'agression sexuelle dans sa vie.  Je ne vois pourtant pas beaucoup d'images de parents surprotecteurs envers la vertue sexuelle de leur garçon. 

Puis, l'idée que les filles (et les femmes) sont intrinsèquement compliquées est principalement un outil de dénigrement des enjeux féminins et non pas le reflet d'une réalité.

Hello Kitty

Lors de leur retour de vacances, mes parents ont rapporté des cadeaux à ma nièce, dont certains offerts par ses cousins. Parmis ces cadeaux, une montre de marque Hello Kitty qui appartenait à un de mes neveux.

Un membre de ma famille a questionné avec jugement qui donnerait une montre Hello Kitty à un garçon.

Les filles peuvent posséder et jouer avec des choses typiquement associées aux garçons mais l'inverse n'est toujours pas acceptable.

Le féminin chez les garçons et les hommes dérange énormément. On y voit quelque chose d'indigne, d'humiliant, de dégradant. C'est dire comment on juge le féminin.


lundi 4 novembre 2013

L'ex

Mon jeune frère est père d'une fillette. Jusqu'à récemment, il était en couple, et ce depuis quelques années, avec une femme qui n'appréciait pas sa fille. Comme elle n'aimait pas le contact avec ma nièce et qu'elle ne voulait pas que sa propre fille soit en contact avec elle non plus, mon frère a prit certaines dispositions. 

D'abord, il a laissé la garde à temps plein de la petite à sa mère, pour ne l'avoir qu'une fin de semaine sur deux. Puis, il a loué un deuxième appartement où il recevait sa fille.

Je parlais récemment avec quelqu'un qui a mentionné à quel point il était horrible de la part de cette femme de rejeter ainsi ma nièce. Je ne suis pas en désaccord avec ce point. Par contre ce qui me dérange, c'est que tout le monde ne fait que pointer du doigt la méchante belle-mère. Je ne veux pas ici juger les choix que mon frère a faits. Je veux souligner le pointage de doigt sexiste.

Mon frère est au moins à moitié (même plus, selon moi, puisqu'il est le père) responsable des choix faits autour de la situation délicate entre son ex et sa fille. Pourtant, c'est uniquement elle qui est jugée. Idéalement, j'aimerais qu'on ne juge pas du tout. Mais si on le fait, au moins qu'on soit équitable.

Cette attitude généralisée envers l'ex de mon frère représente bien comment on démonise encore les femmes dans les relations amoureuses et parentales, de comment on  les sur-responsabilise encore des décisions relationnelles et de leurs impacts.

Boy's Club

Toujours lors de ma visite chez ma soeur, je regardais avec mon plus jeune neveu un catalogue de maquillages d'halloween. Il y avait 4 pages de modèles garçons, deux pages de modèles filles. Nous regardions ce que nous allions choisir pour nous mêmes. Après que j'aie tourné une page, mon neveu m'a dit:

- Non, ça tu peux pas.

Je venais de tomber sur les pages montrant des modèles garçons. 

- C'est juste pour les gars.

 Premiers bourgeons de l'attitude boy's club? Je crois malheureusement que oui.

Je vous invite à lire mon entrée précédente pour un argumentaire plus complet.

http://feminismesquotidiens.blogspot.ca/2013/11/sexisme-enfantin.html

dimanche 3 novembre 2013

Sexisme enfantin

J'étais récemment en visite chez ma sœur, qui est mère de deux enfants. 

Je jouais avec le plus jeune des deux avec des images lorsqu'il a pointé une image en disant: ''dégeu''. Je lui  ai demandé: ''Quoi, dégeu''? Et lui de me répondre: ''Les filles c'est dégeu, les gars c'est cool.''

Il n'a pas 4 ans.

D'aucuns me diront que l'on peut retrouver le même discours dénigrant envers l'autre sexe chez les filles, que la différenciation sexuelle est une étape normale du cheminement de l'enfant. Ces deux arguments sont relativement vrais, mais il faut y apporter des bémols. 

D'abord, même s'il est vrai que les fillettes peuvent agir de façon dénigrante et rejetante envers les garçons, ces attitudes ne sont pas généralisées ni aussi systématiques que l'inverse. Je me souviens encore avec un pincement au cœur de la comptine ''Les gars, les soldats, les filles, les guenilles'', dont il n'existe pas de contrepartie. Le dénigrement du féminin est systémique et systématique. Prenez seulement pour exemple l'habillement. De plus, les clubs exclusifs de garçons et leur attitude aliénante envers les fillettes tentant de joindre leurs rangs sont bien plus communs que l'inverse. Il n'y a pas symétrie dans l'attitude. 

Puis, même si l'on accepte l'idée que la différenciation de genre est un processus essentiel au développement des enfants, ce qui est un tout autre débat car je ne suis pas certaine que ce soit le cas, doit-il automatiquement se faire de façon hiérarchique? La prise de conscience de soi et des autres doit-elle automatiquement exister dans le conflit? Je n'en suis pas certaine non plus.

Je vois plutôt dans le commentaire de mon neveu les premiers bourgeons d'une pensée patriarcale sexiste et hétéronormative. Ce sont de gros à mettre dans la bouche d'un petit enfant, j'en conviens, mais le sexisme ne nous tombe pas du ciel pendant une nuit d'hiver, il se construit dans le temps et dans le contact avec la société, graduellement, insidieusement. J'espère sincèrement que sa pensée va se nuancer avec le temps et le contact d'une pensée critique.  

Mon patron (partie 5)

L'épopée continue. Je vous invite à lire les entrées précédentes afin de suivre le fil de cette entrée.

Le lendemain de la réunion d'équipe, mon patron a demandé à me parler. J'ai exigé d'avoir la présence d'une de mes cheffes d'équipe. Il a accepté, non sans souligner avec jugement que je semblais méfiante.

Je ne vais pas entrer dans le détail de notre discussion, je vais plutôt résumer ce qui en est ressorti. D'abord, il considère mon interprétation de sa blague de la veille comme relevant de la méfiance, à a limite de la paranoïa. Ensuite, il considère que cette même interprétation le met dans une situation délicate où il doit constamment faire attention à ses propos et avoir peur de mon interprétation. Il a rejeté en bloc ma vision des choses et a mentionné qu'à l'avenir il mettrait ses distances avec moi (sans spécifier ce que cela signifiait) et que si je continuais à avoir ces mêmes interprétations on ''aurait un problème'', toujours sans spécifier ce que cela signifiait. Il a mit fin à la rencontre sur cette note.

Il a donc continué la grande tradition de blâmer la victime, la responsabiliser de ce qu'elle subit, tout en faisant planer une menace vague qui laissait place à l'interprétation (qu'il redoute...) et donc à l'anxiété. Il s'agit là de moyens de contrôle par la peur. Et ça fonctionne, en partie. J'ai effectivement peur des représailles possibles si je continue mes démarches de dénonciation de ses comportements inadéquats. Ce qui ne va pas m'empêcher de continuer mon cheminement. 

Cette persévérance dans ce dossier m'a pris des années à construire. Je n'ose pas imaginer la réalité de femmes ayant moins de soutien, moins de connaissance dans le domaine, plus de vulnérabilités.

samedi 2 novembre 2013

Homme fort demandé - 2

Mon conjoint étant blessé aux abdominaux, il a du refuser d'aider le conjoint de mon amie à déplacer son meuble. Il a par contre souligné ma présence et ma capacité à accomplir la même tâche. Devant cette offre, le conjoint de mon amie a refusé l'aide.

Il préférait donc ne pas recevoir d'aide que d'être aidé par moi. Qu'est-ce qu'il craignait comme message le concernant s'il recevait l'aide d'une femme? C'était si dégradant qu'il préférait s'arranger autrement? Cette réaction soulève plusieurs questions et souligne l'énorme travail qu'il reste à faire, tant sur nos perceptions sur les capacités physiques selon le genre que sur la capacité de résolution de problème et ce qu'elle signifie selon le genre.